Luc Chatel renforce le pouvoir des recteurs, « pilotes » de la politique de l’Education

Le ministre de l’Education a présenté hier un décret qui réforme la gouvernance des académies en renforçant la ligne hiérarchique au profit des recteurs.

Ecrit par
Isabelle FICEK

Isabelle FICEK
Journaliste

Ce décret est technique, mais il incarne un choix politique très important sur notre système éducatif », a fait valoir le ministre de l’Education nationale, Luc Chatel, à propos du décret présenté hier en Conseil des ministres en vue d’introduire une nouvelle gouvernance du système éducatif. Cette réforme vise à « améliorer la chaîne de pilotage », a-t-il expliqué. Elle entrera en vigueur au 1 er février. Il s’agit, a rappelé Luc Chatel, dans le cadre d’une « politique basée sur la contractualisation, la responsabilisation des acteurs et l’autonomie », de « clarifier la ligne hiérarchique qui va du ministre jusqu’à l’enseignant : le ministre, le recteur, les nouveaux directeurs d’académie, le chef d’établissement et l’enseignant ». Concrètement, les recteurs des 30 académies voient leurs pouvoirs, déjà accrus en termes de carte scolaire et de suppressions de postes, renforcés avec des responsabilités de gestion et de pédagogie. « Le recteur doit être le pilote de la politique déconcentrée de l’Education nationale, le pilote sur tous les sujets. Pour cela, il doit avoir les coudées franches, avec tous les pouvoirs et des adjoints auxquels il délègue », a martelé le ministre. Les anciens inspecteurs d’académie, qui ne dépendaient pas du recteur, deviennent ses adjoints, appelés directeurs d’académie. Les recteurs -nommés en Conseil des ministres -peuvent réorganiser les services, et notamment poursuivre la politique de mutualisation déjà engagée dans plusieurs académies.

Des syndicats sur la réserve

Un dialogue de gestion et de performance entre le ministère et les recteurs -expérimenté dans 7 académies -est aussi prévu, avec à terme des contrats de quatre ans. Le ministère a créé dans ce cadre il y a quelques mois une prime de performance pour les recteurs.

« Le recteur devient l’acteur majeur sur le territoire, avec des moyens délégués sur lesquels il aura une très forte autonomie. Cela peut avoir du sens, en restant dans un cadre national, d’adapter la politique selon les spécificités des académies. Le risque est que les différences s’accroissent entre elles », estime le secrétaire général du SE-Unsa, Christian Chevalier. Le secrétaire général du SNUipp-FSU pointe, lui, une « pièce d’un puzzle cohérent du nouveau visage de l’Education nationale, plus autoritaire, plus centralisé, avec plus de contrôle et le risque de voir émerger des potentats locaux, c’est le contraire même de l’autonomie ». Luc Chatel a, lui, défendu une réforme qui « modernise » tout en conservant le caractère « national » de l’Education. Dans cette ligne, l’autonomie, l’évaluation, l’amélioration des résultats seront ce matin au coeur du discours du chef de l’Etat pour ses voeux à l’Education.

ISABELLE FICEK, Les Echos

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