Le recteur explique la pédagogie de la rigueur en Alsace

Malgré les suppressions de 400 postes à la rentrée 2012, Armande Le Pellec Muller affirme maintenir ses objectifs sur l’éducation prioritaire, les écoles rurales, l’enseignement des langues

Les chiffres, ce sont ceux que les syndicats ont déjà fait fuiter : 216 suppressions de postes dans le 1 er degré et 196 dans le second degré à la rentrée 2012. Restait à les expliquer, ce que le recteur, a fait, hier, en rappelant qu’ils découlent de la part que l’Alsace doit prendre dans une politique nationale, qui, a-t-elle rappelé, continue toutefois de privilégier les dépenses d’éducation nationale ( «6 % du PIB contre 4,7 % en Allemagne »), tandis que l’académie y était notamment considérée comme « surdotée », pour ce qui est du 1 er degré.

216 emplois en moins, c’est en effet 2,4 % de la dotation accordée à Strasbourg, quand, en moyenne, les académies en « rendent » 1,64 %. En cause, la baisse démographique de 370 élèves (0,22 %) en Alsace, là où, en France métropolitaine, on aura 0,09 % d’élèves en plus, en septembre.

Autre raison : l’équilibre des « contraintes structurelles », entre une dominante urbaine, avec 40 % d’enfants de 2 à 16 ans au km² (21 % en moyenne nationale) mais le pourcentage d’écoles en Zep le plus faible de France (11 % contre 18,5 %) et un taux de chômage et d’allocataires du RSA qui reste inférieur aux moyennes. Comme, en plus, l’académie a un taux d’encadrement des élèves supérieur aux académies de même catégorie, et un nombre moyen d’élèves par classe de 23,25 (23,59 en moyenne nationale), « on est donc en position favorable », conclut Mme Le Pellec Muller.

Cela explique que Strasbourg sera parmi les académies « contributrices » (à l’effort national). Et de manière équitable entre les deux départements — 108 postes supprimés dans chacun —, puisque le Haut-Rhin perd le plus d’élèves (248, contre 122 dans le Bas-Rhin) alors qu’il ne représente que 40 % de l’académie.

Reste qu’à l’intérieur de cet effort, le recteur a pointé tout ce qui serait préservé : l’éducation prioritaire, les petites écoles rurales, qu’ « il ne faut pas fragiliser », le cycle 2, « où se réalise l’apprentissage fondamental de la lecture », le maintien d’une « taille comparable entre classes monolingues et bilingues ». Partout ailleurs, « il y aura une réflexion sur la taille des classes ».

S’il ne faut pas attendre dès maintenant une liste des fermetures, le recteur a, par contre, délimité les périmètres du « schéma d’emploi », en fonction duquel des suppressions de postes seront possibles. D’abord, « dans les brigades de remplacement ». Et ce qui le permet, explique le recteur, c’est qu’en Alsace, « les brigades ne sont pas utilisées de manière pleine et entière », parce que l

l’académie a, en la matière, « un potentiel supérieur à la moyenne nationale », grâce au « faible taux d’absence » de ses personnels.

Ensuite, parce qu’on privilégiera le remplacement des enseignants, partis sur leurs 18 heures de formation annuelles, par des étudiants de master 2. Enfin, on invitera également les enseignants à utiliser la formation à distance, voire le droit individuel à formation, « en dehors du temps scolaire ».

Quant aux réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté (Rased), le recteur annonce qu’on « re-répartira ces réseaux », tout en engageant la riposte contre ceux qui l’ont accusée d’en risquer la disparition : la difficulté scolaire, rappelle-t-elle, fait l’objet, depuis 2008, d’une aide personnalisée que chaque enseignant consacre, à raison de 60 heures annuelles, aux élèves qui en ont besoin, en classe.

Soit, a calculé le rectorat, l’équivalent de 340 ETP (équivalents temps plein) dans le Bas-Rhin et 235 dans le Haut-Rhin. Les Rased seront donc réservés à « la très grande difficulté scolaire », avec l’objectif d’en maintenir « au moins un par circonscription » et « un de plus pour chaque secteur de l’éducation prioritaire ».

le 25/01/2012 à 05:01 par Textes : Luc Marck

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