Être parent d’ado aujourd’hui

La salle de la Monnaie était remplie de parents, jeudi soir. Ou plus exactement de parents d’adolescents, venus participer à une soirée débat, animée par Sébastien Dupont, psychologue au pôle périnatalité, enfance et adolescence de l’hôpital d’Erstein.

un ado vautré sur un canapé en train de grignoter des chips, une chambre en désordre, des parents furieux, ou à l’inverse, un père et son fils qui jouent ensemble, complices, à la console : toutes ces images, affichées à l’entrée de la salle de la Monnaie, prêtent à sourire tant elles caricaturent la relation parents/ados. « Les dessins ont été réalisés par les élèves du collège de Mutzig, qui ont travaillé sur la thématique », explique Geneviève Schlichtig, infirmière aux lycées Henri-Meck et Camille-Schneider, et coanimatrice de la soirée avec Sébastien Dupont, psychologue auprès d’enfants et d’adolescents à l’hôpital d’Erstein.

L’importance de l’alliance du couple parental

« Ces dessins sont assez révélateurs, souligne le thérapeute en introduction. La relation parents/ados est à la fois très conflictuelle et très forte ».

Le public acquiesce dans un murmure. L’intervenant s’adresse en grande majorité à des gens qui vivent au quotidien les situations qu’il décrit. Parmi eux, Marie-Odile, maman de trois garçons de 10, 14 et 17 ans. « Étant la seule femme à la maison, je me pose des questions par rapport à ma place. Le papa est un peu en retrait, il n’a pas beaucoup d’autorité. Et moi, dans tout ça, je n’ai pas le rôle de la maman douce et gentille », reconnaît-elle.

Dans la salle, peu de pères, au grand étonnement de Pascal, qui lui n’a pas hésité à accompagner son épouse Patricia. « L’adolescence n’est pas qu’un problème de femmes ! », clame ce papa de deux enfants de 8 et 12 ans, qui a encore un peu de marge avant de les voir entrer dans ce que l’on a coutume d’appeler l’âge ingrat.

Voila un père qui a tout compris. Sébastien Dupont le confirme : « Le rouage le plus important de la famille, c’est l’alliance du couple parental ». Une alliance qui implique de « partager le pouvoir dans la famille et de se soutenir mutuellement ».

Et le conférencier de rappeler que « les ados ont tendance à respecter les adultes dont ils sentent qu’ils ont le pouvoir de décision. Or, dans certaines familles, un seul parent décide. Quand il est seul à détenir l’autorité, son avis paraît plus arbitraire ».

Quel adolescent n’a pas tenté de faire douter ses parents de leurs convictions en leur disant : « Chez mes copains, ce n’est pas comme ça ! »

Une phrase qui fait sourire Leelou, une des seules jeunes filles de la salle. À 13 ans, elle ne pose pas – encore – de problème à sa mère, Gabrielle. Venue par curiosité, Leelou s’amuse « d’entendre les adultes parler des ados ». Et même si elles entretiennent de bonnes relations, mère et fille n’en sont pas au point de se considérer mutuellement comme des copines. « Ce genre de relation de copinage n’est pas compatible, cela finit souvent mal », constate Sébastien Dupont.

Le rapport entre parents et ados est rarement celui de deux adultes sur un pied d’égalité. « Souvent, c’est à la fin de l’école primaire que la relation entre le parent et son enfant est la plus adulte. À l’adolescence, ce dernier redevient incontrôlable, un peu comme un tout-petit ».

Les parallèles avec la petite enfance sont multiples, tout au long de la conférence. Sébastien Dupont compare les jeunes qui, même en cas de détresse, ne demandent jamais d’aide à leurs parents à ces bébés « qui apprennent à ne pas pleurer pour ne pas déranger ».

C’est précisément ce moment de la soirée que choisit un bébé pour se faire entendre dans la salle. Des pleurs qui s’achèvent dès l’instant où sa mère prend dans ses bras l’enfant de trois mois en quête d’attention. Autre âge, mêmes problématiques… Être parent d’ado, c’est d’abord être parent tout court.

DNA par Fanny Holveck, publié le 28/02/2012 à 05:00
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