L’Alsace, comme toutes les régions françaises, peine à retrouver une économie compétitive et le chômage des jeunes atteint des niveaux inquiétants. Mobilisons-nous réellement tous nos avantages concurrentiels dans la compétition mondiale ?
Nos deux voisins, le Bade et le nord-est de la Suisse, sont lancés tels des trains à grande vitesse, produisant richesses et emplois nouveaux.
La Suisse est l’économie la plus compétitive du monde selon le « World Economic Forum 2012 » alors que nos voisins allemands occupent le 6e rang de ce palmarès et que la France piétine en 21e position.
La région transfrontalière du Rhin Supérieur est un formidable marché : six millions d’habitants pour un PIB supérieur à beaucoup de pays européens.
Je constate que les investissements allemands et suisses en Alsace représentent plus de 50 % de nos emplois industriels et de l’export. Je mesure l’importance des flux de frontaliers, plus de 80 000, dont une part significative partira bientôt en retraite et qu’il faudra remplacer ! J’entrevois des perspectives encourageantes pour notre jeunesse avec nos universités réunies au sein d’Eucor, nos centres de recherches et nos clusters transfrontaliers… Je suis conscient de la chance inouïe qui nous est offerte d’inverser la courbe du chômage en nous organisant pour répondre à la pénurie de main d’œuvre qualifiée dans les entreprises
alsaciennes mais aussi chez nos voisins. La coopération transfrontalière dans le Rhin supérieur a été entamée il y a bien longtemps. Il est désormais urgent de la développer. Et cela passe par la maîtrise des langues.
C’est là que l’effort collectif doit porter !
En ratifiant la Charte européenne pour les langues régionales, la France sauvera le dialecte alsacien qui facilite le passage vers le Hochdeutsch. J’ai récemment fait voter une motion en faveur de la langue du voisin
par les 11 CCI du Rhin supérieur, représentant 200 000 entreprises. Mon vœu est que les entreprises alsaciennes travaillant à l’international, généralisent la formation à l’allemand. La maîtrise de la langue allemande et du français est aussi le meilleur moyen d’accéder à l’indispensable connaissance de l’anglais. Imaginez de quel formidable avantage économique serait dotée une région avec une main d’œuvre trilingue !
Je salue toutes les initiatives prises dans ce sens. Celles du Conseil Régional par exemple en lien avec le Land Bade Wurtemberg dans le développement de la langue allemande, de l’apprentissage transfrontalier et des formations bi et trinationales. Nous venons aussi d’adapter à notre région le dispositif « Wirtschaft macht Schule » imaginé par la CCI de Karlsruhe et qui connait un franc succès : il permet de passer des conventions entre entreprises et écoles pour anticiper les besoins et les métiers de demain des deux côtés du Rhin. Jouons tous ensemble la carte du bilinguisme ! Il y va de notre avenir et de celui de nos entreprises.
Jean-Louis hoerlé
Président de la CCI de Région Alsace