Directeur pendant 14 ans de l’école des Remparts de Rosheim, Benoît Herr, 74 ans, parle de son expérience concernant le cours de morale. La clé pour intéresser l’élève au sujet : parler de valeurs à partir d’exemples concrets.
Ne cherchez pas d’heure de morale structurée et à horaire fixe dans l’emploi du temps de l’ancien instituteur Benoît Herr. Il n’en voulait pas. Il préférait « utiliser toutes les bonnes occasions pour sensibiliser les élèves à certaines valeurs. Cette souplesse était avantageuse : on sentait les enfants concernés. »
« Ça sent trop le scolaire »
L’ancien enseignant organisait des réunions hebdomadaires autour de la coopérative scolaire. « Les enfants de 10-11 ans en avaient la gestion. Ils étaient responsables. On profitait de ces réunions pour dire ce qui allait, ce qui ne marchait pas. C’était très enrichissant et formateur. À cet âge, les enfants sont capables d’avoir des échanges s’ils sont stimulés. » Autre manière d’aborder la morale : profiter de situations particulières de type conflit, faits divers pour mettre l’accent sur tout ce qui touche au vivre ensemble, l’honnêteté, la franchise et le respect de l’autre. « Un cours de morale est un peu artificiel. Dire tel jour à telle heure c’est cours de morale n’est pas la meilleure politique. Ça sent trop le scolaire et ce n’est pas le but recherché. Je pense qu’il vaut mieux greffer le dialogue sur le vécu. »
Pour Benoît Herr, l’enseignement de la morale n’est donc pas ringard « à condition de trouver la bonne méthode ». C’est au contraire d’une actualité brûlante. « La manière dont certains enfants se révoltent physiquement pose question. Les enseignants doivent faire face à certains élèves agressifs, déstructurés dès le plus jeune âge. Or, la morale offre une structure. Le cours de morale ne doit pas décharger les parents de leur rôle d’éducateur. Il est dans la continuité. »
Ce dialogue doit être bien réfléchi pour être pertinent. « Il ne faut pas imposer un style. L’équipe d’enseignants doit en parler. Je verrais bien un conseil d’école pour voir ce qui peut être mis en place. » L’enjeu vaut le coup : « Quand on sème à bon escient, cela germera différemment selon les enfants, mais il en restera toujours quelque chose. »