«LA GUERRE AU DÉCROCHAGE SCOLAIRE»

Luc Chatel, le ministre de l’Éducation nationale, était le 20/01/2011 à Mulhouse, où un nouveau dispositif va être expérimenté au lycée Louis-Armand pour remettre des «décrocheurs» scolaires sur les rails.

Luc Chatel, entouré du maire de Mulhouse Jean Rottner et du proviseur du lycée Louis-Armand Jean-Luc Schildknecht, a rencontré des jeunes qui vont participer au nouveau dispositif.  (Photo DNA - Philip Anstett)

La première session du dispositif ASA (Accompagnement vers une solution alternative) va durer deux semaines. Vingt lycéens de différents établissements mulhousiens vont être suivis par les partenaires de la plate-forme locale de décrochage scolaire. Encadrés notamment par des membres de la Mission générale d’insertion de l’Éducation nationale, ils devraient repartir avec des pistes de formation ou d’emploi.

«Il faut que vous ayez chacun une solution. Il faut détecter le talent qui sommeille en vous»

Luc Chatel était accompagné de la secrétaire d’État à la Jeunesse Jeannette Bougrab, pour rencontrer les jeunes et les différents partenaires. Il souhaite s’inspirer de l’expérience mulhousienne menée depuis dix ans pour repérer et aider les jeunes en situation d’échec scolaire, afin de l’étendre sur tout le territoire. «Nous avons décidé de mener la guerre au décrochage scolaire, a déclaré le ministre. Il y a douze millions d’élèves en France. Le drame, c’est qu’ils sont 120 000 à quitter le système éducatif sans rien, sans diplôme et sans qualification. Ces jeunes-là auront trois fois moins de chances que leurs camarades du même âge de trouver du travail.»

À Mulhouse, depuis deux ans, le sous-préfet, Louis Le Franc, coordonne le réseau de façon plus formelle entre les chambres consulaires, l’Éducation nationale, Pôle Emploi et la Ville. «Trois associations ont aussi un rôle clé : Sémaphore, Réagir et la Maison de l’emploi et de la formation.» Le nombre de jeunes concernés par le décrochage sur la ville et la périphérie est estimé à 270 cette année.

Luc Chatel a écouté certains d’entre eux raconter leur parcours et parfois leurs difficultés à intégrer les formations de leur choix. Maxime Nicolas a rejoint les Compagnons du devoir (sanitaire et chauffage) après un premier échec en internat. Alicia Sontag a quitté sa classe de seconde pour intégrer un bac pro Commerce et semble satisfaite. Sa voisine, âgée de 18 ans, cherche sa voie en effectuant des stages avec l’École de la 2 e chance…

«Un jeune de 14 ans a le droit de ne pas savoir ce qu’il veut faire»

«Il faut que vous ayez chacun une solution en sortant du système scolaire, que chacun trouve sa voie. Il faut détecter le talent qui sommeille en vous», leur a dit le ministre. Face à ces jeunes qui ont quitté le lycée en cours de route, Luc Chatel s’est interrogé sur le rôle de l’école : «Elle sert à établir des règles, des codes, des raisonnements pour être autonomes et s’insérer professionnellement.» Un rôle d’autant plus important que «vous êtes une génération qui va changer plusieurs fois de métier au cours de sa vie.»

En matière d’orientation, Luc Chatel préconise «un système plus progressif». «Un jeune de 14 ans a le droit de ne pas savoir ce qu’il veut faire. Il faut l’aiguiller progressivement, sans que cela soit irréversible.» Il a rappelé que le tutorat a été mis en place dans les lycées à la rentrée et qu’en collège, un élève sur trois bénéficie de l’accompagnement éducatif. «Il faut anticiper le décrochage par l’orientation et par le soutien scolaire.»

Karine Dautel

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