Enseigner, ça s’apprend

Beaucoup d’étudiants estiment qu’ils sont peu préparés à enseigner. Qu’est-ce qui coince ? Un colloque, aujourd’hui à l’Institut français de l’éducation à Lyon, devrait tenter de répondre à cette question au moment où la communauté éducative est confrontrée à une dramatique affaire de pédophilie dans l’Isère.

Le volet pédagogique non satisfait

Un des rares pays à exiger un master pour enseigner, la France est aussi celui où les enseignants se sentent le moins prêts à exercer leur métier, indique une enquête réalisée au sein de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) et publiée en 2014. Ils sont 40 % à estimer qu’ils sont « très peu préparés ou pas du tout préparés ». Sur 34 pays, ils sont 12 % en moyenne à exprimer cette opinion.

Des outils pratiques qui manquent

Comment enseigner aux tout-petits ? Comment faire face à une classe agitée ? Quels rituels peut-on mettre en place ? C’est rarement dans leurs cours aux ESPE (Écoles supérieures du professorat et de l’éducation, créées en 2013) que les étudiants trouvent une réponse. Face à ces besoins se développent des outils en parallèle. Ainsi, on trouve de plus en plus de vidéos basées sur des témoignages d’enseignants ou des séquences filmées en classe : enseigner les langues sur Eduscol ; faire face aux incidents en classe sur le site de l’ESPE de Versailles. À l’Institut français de l’Éducation, la plateforme NéoPass@ction propose des ressources réalisées à partir de travaux de recherche fondés sur l’observation du travail réel des enseignants.

Des formateurs éloignés du terrain

Les ESPE affichaient l’ambition d’une entrée progressive dans le métier. Elles promettaient davantage de lien entre les formateurs et les tuteurs des jeunes enseignants à mi-temps en classe. « Il y a dans les IUFM (Instituts universitaires de formation des maîtres, ancêtres des ESPE) des professeurs qui n’ont pas enseigné depuis quinze ans », regrettait Vincent Peillon qui voulait que les formateurs puissent « continuer à enseigner dans leur classe ». Dans la réalité, le nombre de formateurs à temps partagé n’a pas évolué. Combien ? Le ministère ne fournit pas de chiffres, mais on sait que leur proportion est très faible parmi ceux qui donnent des cours aux étudiants. Globalement, les anciennes équipes des IUFM sont restées, complétées par des universitaires.

Un emploi du temps découpé et chargé

En première année de master, la préparation du concours occupe toujours la majeure partie du temps. Ce qui ne peut être qualifié de formation professionnelle. En deuxième année, les étudiants sont soumis à beaucoup d’exigences : ils doivent préparer un mémoire et enseigner à mi-temps dans les classes. Ceux qui ont raté le concours doivent en plus le préparer de nouveau. À Chambéry, à Grenoble, à Bordeaux, des étudiants dénoncent la charge de travail et réclament davantage d’outils pratiques de gestion de classe.

Peu de formation continue

Celle-ci est peu développée. C’est aussi l’un des constats de l’enquête réalisée par l’OCDE : davantage qu’ailleurs, les enseignants français expriment des demandes, notamment sur l’usage des nouvelles technologies, sur l’orientation des élèves, sur des approches pédagogiques individualisées. Mais ils bénéficient en moyenne de quatre jours de formation dans des cours ou ateliers contre huit en moyenne dans les 34 pays de l’enquête.

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DNA du 27/03/2015

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