ECOLES : Pourquoi le dispositif 2S2C Sport-Santé-Culture-Civisme suscite tant de critiques?
C’est un nouveau-né dans le système éducatif et il ne fait pas l’unanimité. Annoncé par Jean-Michel Blanquer le 21 avril et créé au moment de la reprise de l’école le 11 mai, le dispositif2S2C (sport-santé-culture-civisme) consiste à proposer aux élèves des activités pendant le temps scolaire, complémentaires de leurs apprentissages. Le moyen de prendre en charge des enfants la semaine lorsqu’ils ne peuvent pas être en classe, afin que leurs parents puissent aller travailler. Car actuellement, si 80 % des écoles ont été rouvertes, seulement 22 % des écoliers sont accueillis, le plus souvent par roulement, une ou deux journées par semaine. « Ça nous permet d’accueillir les enfants sur l’ensemble du temps, du lundi au vendredi », a insisté ce jeudi le ministre de l’Education nationale lors d’un déplacement.
Les 2S2C sont mis en place par les communes volontaires. « Demain soir, on sera à 1.000 conventions signées avec des communes », a indiqué ce jeudi Jean-Michel Blanquer. Et le long du mois de juin, d’autres conventions seront signées. Au programme, des activités variées, selon les possibilités des communes : course, parcours de motricité, danse, ateliers d’arts plastiques, de théâtre, activités autour du développement durable…
Un dispositif qui semble alléchant, mais qui suscite pourtant bien des critiques. C’est tout d’abord sa mise en place sur le terrain qui pose question. « Les communes éprouvent des difficultés à recruter des animateurs pour encadrer ces activités. Cela pose aussi un problème financier. Car l’aide de l’Etat de 110 euros par vacation de 6 heures, pour rémunérer les animateurs municipaux, est insuffisante », explique Agnès Le Brun, porte-parole de l’Association des maires de France (AMF) en charge de l’éducation.
Et comme lors de la mise en place de la réforme des rythmes scolaires, force est de constater que toutes les communes ne sont pas logées à la même enseigne pour orchestrer avec brio ce dispositif : « Cela entraîne une rupture d’égalité territoriale. Car les grandes villes ont les moyens humains et les locaux de proposer des activités de qualité, au contraire des communes rurales », estime Agnès Le Brun. Une critique aussi formulée par le Se-Unsa : « À ce jour, peu de communes ont fait le choix de mettre en œuvre le dispositif et, lorsqu’il existe, il se limite à proposer un service de garderie aux élèves que les écoles ne peuvent accueillir, loin des enjeux éducatifs visés », déclare le syndicat dans un communiqué. Le contexte électoral d’entre deux tours des municipales n’est sans doute pas étranger au fait que certaines municipalités, soucieuses d’offrir une aide à leurs électeurs parents, se soient lancées dans l’aventure…
« Un galop d’essai pour aller vers un modèle à l’allemande » ?
Les 2S2C interrogent aussi à plus long terme. S’agit-il d’un dispositif transitoire ou va-il perdurer à la rentrée ? Jean-Michel Blanquer l’a laissé entendre ce jeudi. « Le dispositif a vocation à continuer dans les temps à venir », a-t-il indiqué. « Ce qui est important entre le temps scolaire et périscolaire est qu’il n’y ait pas de cloison étanche », a-t-il ajouté. « Il s’agit d’avoir cette vision complète des temps scolaires, cela peut représenter un progrès pour notre système scolaire. 2S2C est à la fois une réponse immédiate, mais aussi structurelle pour le développement des activités sportives et culturelles des enfants », a-t-il renchéri, en rappelant que des établissements avaient déjà expérimenté ce type de dispositif.
« On a le sentiment que Jean-Michel Blanquer prépare les esprits à ce que les 2S2C existent encore à la rentrée. Et qu’il s’agit d’un galop d’essai pour aller vers un modèle à l’allemande, avec la classe le matin et des activités l’après-midi », déclare Agnès Le Brun.