Un lieu ouvert « à tous les vents pédagogiques » s’implante à Mulhouse. Il est conçu comme un centre de réflexion, de ressources et d’échanges pour les parents, les éducateurs, les travailleurs sociaux et bien sûr les enseignants, en particulier ceux confrontés à des élèves en difficulté.
L’avenir de l’école passe par les expérimentations multiples et locales. Les créateurs de la nouvelle Maison de la pédagogie à Mulhouse, majoritairement d’anciens enseignants, en sont convaincus. Ils rappellent qu’en dépit de réformes successives le système français est resté pour l’essentiel figé dans ses pratiques, que des élèves s’ennuient, que les inégalités s’accroissent… En particulier à Mulhouse où, « malgré une prise en charge dynamique des difficultés scolaires en primaire » , les taux de décrochage et de redoublement en 2nde sont élevés.
Ces pédagogues, parmi lesquels Michèle Sanchez, Pierre Ruch, Jean-Pierre Bourreau et Jean-Marie Notter, ont donc imaginé un lieu de ressources, d’échanges pluridisciplinaires et intergénérationnels, en dehors de tout cadre hiérarchique. Un lieu ouvert au grand public, aux parents, éducateurs, travailleurs sociaux et bien sûr aux enseignants « qui veulent bouger » , en particulier à ceux qui sont confrontés à des élèves en difficulté.
« Certains trouveront des idées, d’autres auront une confirmation de ce qu’ils font, car ils sont isolés dans leur classe. » Pour autant, pas question de « recette prête à l’emploi ». Cette maison se veut ouverte « à tous les vents pédagogiques, à toutes les recherches en sciences de l‘éducation » , des mouvements qu’elle souhaite fédérer tant qu’ils sont innovants et porteurs de valeurs telles que l’émancipation, la coopération, la citoyenneté ou encore l’ « éducabilité » (tous pouvant être éduqués).
« Il y a plus de questions que de réponses… »
« Il y aura des réponses à la demande et peut-être des groupes de réflexion plus stables autour de thématiques » , prévoient aussi ces « ex-pairs ». À partir du 2 mars, un accueil se tiendra à la Maison de la pédagogie, les mercredis de 14 h à 16 h 30, au Carré des associations à Mulhouse. Des rencontres mensuelles et des débats sont prévus autour de questions pédagogiques d’actualité, ou d’invités comme l’équipe du Clept (Collège lycée élitaire pour tous) de Grenoble. La rencontre inaugurale aura lieu le 23 février avec l’universitaire Loïc Chalmel (lire ci-dessous). Une association a été constituée le 5 octobre, « pour une existence légale et une autonomie complète » , en espérant aussi des soutiens financiers de la part de mutuelles, de la Ville de Mulhouse ou de l’Agglomération (M2A). Pour l’heure, ses membres ont une certitude, c’est celle de répondre à un besoin. C ar si les élèves ne trouvent pas leur compte dans l’école d’aujourd’hui, les enseignants non plus. « Certains sont en souffrance, il est difficile de valoriser ce qu’ils font, ils n’ont pas beaucoup de reconnaissance. Le métier suppose une analyse des pratiques et il y a plus de questions que de réponses… »
L’Éducation nationale n’empêche en rien l’innovation pédagogique. Au contraire, celle-ci a été rarement autant mise en avant, que ce soit dans la société (lire ci-dessous) ou dans les textes officiels, en particulier les nouveaux programmes. « Mais l’école ne privilégie pas assez la formation continue des enseignants. Et face à la lourdeur du système, il y a un manque de confiance et d’audace. » Raison pour laquelle les bâtisseurs de la Maison de la pédagogie se « retroussent les manches » : « Il y en a en marre d’enten-dre que ça ne va pas, alors on y va » , assurent-ils.
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L’ALSACE 17/01/2016